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Étudiants de l’UQO
Gatineau, le 30 janvier 2004
M. le recteur Francis Whyte
Membres du conseil d’administration
Université du Québec en Outaouais
En tant qu’étudiants anglophones inscrits aux programmes d’études de 2ième cycle de l’UQO, nous attendons avec beaucoup d’appréhension la décision que le Conseil d’administration s’apprête à prendre au cours du prochain mois concernant le maintien des programmes de 2ième cycle en langue anglaise. Ceci s’explique certes par les conséquences considérables qu’une telle décision exercerait sur l’avenir de tels programmes dans notre université. Leur fermeture compromettrait certainement l’avenir de nombreux étudiants prometteurs intéressés à venir y chercher une formation dans les quelques programmes offerts en anglais et entraînerait des conséquences néfastes pour les francophones également. C’est pour cette raison, honorables membres du Conseil d’administration, que nous tenons à vous faire part de notre opinion sur un sujet aussi important.
Située au coeur de l’Outaouais dans une région où y vivent deux cultures riches et dynamiques, l’UQO est la seule université uniquement francophone dans la région de la capitale nationale. A cet égard, bien que les quelques programmes de deuxième cycle qui y sont offerts en anglais ne constituent qu’une part très faible de l’ensemble des cours qui y sont offerts, ces derniers exercent néanmoins dans la région une influence importante dans le développement de relations aux niveaux national et international, influence dont bénéficient autant les étudiants québécois francophones qu’anglophones. Les étudiants francophones de l’UQO, spécifiquement ceux des programmes relevant des sciences administratives et comptables, sont alors en mesure de bénéficier d’un rayonnement et de réseaux de contacts internationaux. La fermeture des programmes anglophones de deuxième cycle non seulement coupera les étudiants québécois francophones de ces réseaux, mais surtout les privera de l’opportunité de s’ouvrir au monde extérieur, de se sensibiliser aux cultures étrangères et de bénéficier de l’énorme avantage de pouvoir communiquer partout dans le monde dans la lingua franca des temps modernes. Cette langue a cessé d’être la langue des anglais pour devenir celle de tous les peuples. Cependant, de tels bénéfices ne peuvent se maintenir sans également maintenir ces programmes anglophones en vie. En fait, nous considérons que si l’UQO est vraiment sérieuse dans son désir de s’inscrire dans un développement international, il est alors essentiel de ne pas mettre un terme à dix années de durs labeurs pour internationaliser les programmes de deuxième cycle dans les domaines des sciences administratives et comptables.
On se plaît à affirmer que le Québec est une société pluraliste et ouverte au monde extérieur. Serait-ce que complaisance ? La majorité francophone du Québec coexiste pacifiquement avec la minorité anglophone, les autochtones, et une multitude de personnes d’origines et de cultures diverses venant des quatre coins du monde. On nous dit que le gouvernement du Québec considère une telle diversité culturelle comme une source d’enrichissement collectif. On favorise les échanges interculturels ainsi que l’intégration dans le respect des droits de la personne. A titre de Québécois anglophones, nous apprécions et chérissons le caractère français de la culture québécoise sans quoi nous ne vivrions pas et ne fréquenterions pas des institutions d’enseignement dont le caractère prioritairement francophone y est affiché et promu. D’autre part, nous ne pouvons concevoir que l’existence de trois programmes anglophones parmi l’ensemble de tous les programmes que compte l’UQO puisse compromettre son caractère français. Nous ne demandons pas d’étendre l’anglais à tous les programmes de l’UQO, mais seulement de permettre à quelques programmes pour qui l’anglais est celle des relations internationales de pouvoir le continuer, quitte à en contingenter le nombre.
Fermer des programmes pour la simple raison qu’ils sont offerts en anglais et qu’ils constituent une menace au français s’apparente à ce qu’on pourrait appeler une politique d’épuration linguistique et ne peut résulter, de la part de ses promoteurs, que d’une très faible estime de la langue française et de soi-même. Une telle politique n’aura pour effet que de réprimer la diversité culturelle, favoriser l’intolérance linguistique, enfermer les Québécois dans un ghetto culturel et linguistique, isoler les Québécois francophone des réseaux internationaux d’échange et de communication et nuire à la reconnaissance internationale du Québec et de ses institutions d’enseignement universitaire.
Le débat auquel nous prenons part n’est pas sans relation avec celui que livrent les communautés francophones à l’extérieur du Québec à travers le reste du Canada. En tant que groupe minoritaire, les Canadiens Français doivent livrer un combat incessant afin de préserver leur héritage culturel et leur langue. Il serait désastreux s’il fallait que les membres des minorités linguistiques du Québec soient privés de leurs droits fondamentaux à un enseignement universitaire dans leur langue. On ne peut faire la promotion des droits des minorités francophones à l’extérieur du Québec sans également s’assurer du respect des droits des minorités anglophones à l’intérieur du Québec. Les Franco Ontariens ont dû livrer de nombreuses batailles contre l’intolérance et la bigoterie, et encore tout récemment, afin de faire la promotion de la langue et de la culture française à travers le Canada. Il serait des plus ironique qu’alors que les droits des francophones hors Québec progressent que ceux des anglophones du Québec régressent ou soient tout simplement supprimés.
Les étudiants anglophones de l’UQO se sont fréquemment posés la question pourquoi n’est-il pas possible que les membres de deux communautés linguistiques, pourtant citoyens d’un même pays, ne puissent pas vivre en communauté sur un même campus universitaire ? Serait-ce une nouvelle forme d’apartheid ? Nous croyons que, tout comme la religion, la culture ou la race, la langue ne devrait jamais servir de prétexte pour séparer les personnes et encore moins pour les priver de leurs droits fondamentaux. Bien que nous reconnaissions que les différences de langue peuvent néanmoins constituer des obstacles à la communication, nous considérons cependant qu’elles ne doivent jamais servir de prétexte pour priver les individus de l’exercice de leurs droits fondamentaux dont celui à l’instruction universitaire.
Nous entretenons tous le même rêve, celui où la véritable lingua franca sur notre beau campus sera celle de la tolérance, de la confiance et de la compréhension. Nous sommes convaincus qu’il existe une solution autre que la solution radicale, intégriste et finale qui consiste à bannir les anglophones du campus de l’Université du Québec en Outaouais et d’empêcher des étudiants talentueux de suivre des cours universitaires dans la lingua franca, la langue qui appartient à tout le monde.
Membres du conseil d’administration, les rêves et l’avenir des Québécois francophones et anglophones est entre vos mains. Il est impératif que vous respectiez et que vous défendiez les droits fondamentaux de votre minorité linguistique. Contrairement à de nombreuses minorités francophones hors Québec, nous ne demandons pas la création d’une université anglophone en Outaouais, nous demandons seulement que vous exerciez de la retenue et un esprit de tolérance dans vos décisions à venir. Cependant, sachez que nous n’accepterons pas une décision qui aurait pour effet de nous expulser hors de l’UQO et de nous priver de nos droits fondamentaux. Alors que le Canada clame haut et fort sur la scène mondiale que les droits de l’homme doivent être respectés par tous les gouvernements sur la face de cette terre, il serait ironique que les droits fondamentaux à l’instruction universitaire des anglophones du Québec soient bafoués. Car, c’est à partir de l’expérience de nombreux parmi nous qui venons de terres étrangères que nous savons avec quelle rapidité l’intolérance, quelle qu’elle soit, peut rapidement dégénérer en action discriminatoire pour aboutir au racisme le plus hideux. Nous espérons de tout cœur que les membres du Conseil d’administration de l’UQO ne s’engageront pas dans une telle voie. Nous espérons que la sagesse, le courage et la tolérance prévaudront.
En attendant votre décision, nous vous prions d’agréer, Monsieur le recteur Francis Whyte et membres du Conseil d’administration de l’UQO, l’expression de nos sentiments les plus distingués.
Signature:
Étudiants de l’UQO
Gatineau, le 30 janvier 2004
M. le recteur Francis Whyte
Membres du conseil d’administration
Université du Québec en Outaouais
En tant qu’étudiants anglophones inscrits aux programmes d’études de 2ième cycle de l’UQO, nous attendons avec beaucoup d’appréhension la décision que le Conseil d’administration s’apprête à prendre au cours du prochain mois concernant le maintien des programmes de 2ième cycle en langue anglaise. Ceci s’explique certes par les conséquences considérables qu’une telle décision exercerait sur l’avenir de tels programmes dans notre université. Leur fermeture compromettrait certainement l’avenir de nombreux étudiants prometteurs intéressés à venir y chercher une formation dans les quelques programmes offerts en anglais et entraînerait des conséquences néfastes pour les francophones également. C’est pour cette raison, honorables membres du Conseil d’administration, que nous tenons à vous faire part de notre opinion sur un sujet aussi important.
Située au coeur de l’Outaouais dans une région où y vivent deux cultures riches et dynamiques, l’UQO est la seule université uniquement francophone dans la région de la capitale nationale. A cet égard, bien que les quelques programmes de deuxième cycle qui y sont offerts en anglais ne constituent qu’une part très faible de l’ensemble des cours qui y sont offerts, ces derniers exercent néanmoins dans la région une influence importante dans le développement de relations aux niveaux national et international, influence dont bénéficient autant les étudiants québécois francophones qu’anglophones. Les étudiants francophones de l’UQO, spécifiquement ceux des programmes relevant des sciences administratives et comptables, sont alors en mesure de bénéficier d’un rayonnement et de réseaux de contacts internationaux. La fermeture des programmes anglophones de deuxième cycle non seulement coupera les étudiants québécois francophones de ces réseaux, mais surtout les privera de l’opportunité de s’ouvrir au monde extérieur, de se sensibiliser aux cultures étrangères et de bénéficier de l’énorme avantage de pouvoir communiquer partout dans le monde dans la lingua franca des temps modernes. Cette langue a cessé d’être la langue des anglais pour devenir celle de tous les peuples. Cependant, de tels bénéfices ne peuvent se maintenir sans également maintenir ces programmes anglophones en vie. En fait, nous considérons que si l’UQO est vraiment sérieuse dans son désir de s’inscrire dans un développement international, il est alors essentiel de ne pas mettre un terme à dix années de durs labeurs pour internationaliser les programmes de deuxième cycle dans les domaines des sciences administratives et comptables.
On se plaît à affirmer que le Québec est une société pluraliste et ouverte au monde extérieur. Serait-ce que complaisance ? La majorité francophone du Québec coexiste pacifiquement avec la minorité anglophone, les autochtones, et une multitude de personnes d’origines et de cultures diverses venant des quatre coins du monde. On nous dit que le gouvernement du Québec considère une telle diversité culturelle comme une source d’enrichissement collectif. On favorise les échanges interculturels ainsi que l’intégration dans le respect des droits de la personne. A titre de Québécois anglophones, nous apprécions et chérissons le caractère français de la culture québécoise sans quoi nous ne vivrions pas et ne fréquenterions pas des institutions d’enseignement dont le caractère prioritairement francophone y est affiché et promu. D’autre part, nous ne pouvons concevoir que l’existence de trois programmes anglophones parmi l’ensemble de tous les programmes que compte l’UQO puisse compromettre son caractère français. Nous ne demandons pas d’étendre l’anglais à tous les programmes de l’UQO, mais seulement de permettre à quelques programmes pour qui l’anglais est celle des relations internationales de pouvoir le continuer, quitte à en contingenter le nombre.
Fermer des programmes pour la simple raison qu’ils sont offerts en anglais et qu’ils constituent une menace au français s’apparente à ce qu’on pourrait appeler une politique d’épuration linguistique et ne peut résulter, de la part de ses promoteurs, que d’une très faible estime de la langue française et de soi-même. Une telle politique n’aura pour effet que de réprimer la diversité culturelle, favoriser l’intolérance linguistique, enfermer les Québécois dans un ghetto culturel et linguistique, isoler les Québécois francophone des réseaux internationaux d’échange et de communication et nuire à la reconnaissance internationale du Québec et de ses institutions d’enseignement universitaire.
Le débat auquel nous prenons part n’est pas sans relation avec celui que livrent les communautés francophones à l’extérieur du Québec à travers le reste du Canada. En tant que groupe minoritaire, les Canadiens Français doivent livrer un combat incessant afin de préserver leur héritage culturel et leur langue. Il serait désastreux s’il fallait que les membres des minorités linguistiques du Québec soient privés de leurs droits fondamentaux à un enseignement universitaire dans leur langue. On ne peut faire la promotion des droits des minorités francophones à l’extérieur du Québec sans également s’assurer du respect des droits des minorités anglophones à l’intérieur du Québec. Les Franco Ontariens ont dû livrer de nombreuses batailles contre l’intolérance et la bigoterie, et encore tout récemment, afin de faire la promotion de la langue et de la culture française à travers le Canada. Il serait des plus ironique qu’alors que les droits des francophones hors Québec progressent que ceux des anglophones du Québec régressent ou soient tout simplement supprimés.
Les étudiants anglophones de l’UQO se sont fréquemment posés la question pourquoi n’est-il pas possible que les membres de deux communautés linguistiques, pourtant citoyens d’un même pays, ne puissent pas vivre en communauté sur un même campus universitaire ? Serait-ce une nouvelle forme d’apartheid ? Nous croyons que, tout comme la religion, la culture ou la race, la langue ne devrait jamais servir de prétexte pour séparer les personnes et encore moins pour les priver de leurs droits fondamentaux. Bien que nous reconnaissions que les différences de langue peuvent néanmoins constituer des obstacles à la communication, nous considérons cependant qu’elles ne doivent jamais servir de prétexte pour priver les individus de l’exercice de leurs droits fondamentaux dont celui à l’instruction universitaire.
Nous entretenons tous le même rêve, celui où la véritable lingua franca sur notre beau campus sera celle de la tolérance, de la confiance et de la compréhension. Nous sommes convaincus qu’il existe une solution autre que la solution radicale, intégriste et finale qui consiste à bannir les anglophones du campus de l’Université du Québec en Outaouais et d’empêcher des étudiants talentueux de suivre des cours universitaires dans la lingua franca, la langue qui appartient à tout le monde.
Membres du conseil d’administration, les rêves et l’avenir des Québécois francophones et anglophones est entre vos mains. Il est impératif que vous respectiez et que vous défendiez les droits fondamentaux de votre minorité linguistique. Contrairement à de nombreuses minorités francophones hors Québec, nous ne demandons pas la création d’une université anglophone en Outaouais, nous demandons seulement que vous exerciez de la retenue et un esprit de tolérance dans vos décisions à venir. Cependant, sachez que nous n’accepterons pas une décision qui aurait pour effet de nous expulser hors de l’UQO et de nous priver de nos droits fondamentaux. Alors que le Canada clame haut et fort sur la scène mondiale que les droits de l’homme doivent être respectés par tous les gouvernements sur la face de cette terre, il serait ironique que les droits fondamentaux à l’instruction universitaire des anglophones du Québec soient bafoués. Car, c’est à partir de l’expérience de nombreux parmi nous qui venons de terres étrangères que nous savons avec quelle rapidité l’intolérance, quelle qu’elle soit, peut rapidement dégénérer en action discriminatoire pour aboutir au racisme le plus hideux. Nous espérons de tout cœur que les membres du Conseil d’administration de l’UQO ne s’engageront pas dans une telle voie. Nous espérons que la sagesse, le courage et la tolérance prévaudront.
En attendant votre décision, nous vous prions d’agréer, Monsieur le recteur Francis Whyte et membres du Conseil d’administration de l’UQO, l’expression de nos sentiments les plus distingués.
Signature: